Né en 1990 à Madrid. Vit et travaille à Paris.
"Longtemps, le commerce avec l’invisible a été le domaine exclusif des prêtres et des chamanes, avant qu’ils ne cèdent ce privilège aux artistes. Guillaume Bouisset convoque ce double héritage dans une quête qu’il n’est ni le premier ni le dernier à mener, parce qu’essentielle : donner une forme à l’au-delà du phénoménologique, représenter ce qui est derrière ce que nous percevons. D’abord à travers la peinture, quand il était aux Beaux-Arts de Paris, avec des figurations hypnotiques de motifs naturels (nuages, feuilles…), puis, après un échange au Brésil (2017) durant lequel il a réalisé un frontispice pour les indiens Kaxinawa innervé de pensée chamanique, avec des installations plus complexes, convoquant l’architecture sacrée, celle des temples ou des autels. Une esthétique du seuil entre deux mondes, le tangible et l’au-delà, et de leurs correspondances, où l’homme est souvent représenté dans sa mesure impossible à l’absolu. Le travail de Guillaume Bouisset s’articule ainsi autour de motifs récurrents : le masque, en tant que frontière entre ces deux mondes, ou l’œil, comme symbole de cette soif d’absolu empêchée par les limites de nos sens. Plus que nos deux yeux, Guillaume Bouisset convoque le troisième, et reconsidère en creux les vieux dualismes de la pensée occidentale, ceux qui ont coupé l’homme du monde, le sujet contre l’objet, l’être contre le néant, le singulier contre l’universel, l’homme contre la nature."
Clément Thibault